Un autoportrait, en toute discrétion.
Lien
avec les programmes d'enseignement


Représentation du corps: pluralité des approches et parti pris artistiques
Jouer avec les procédés et les codes de la représentation ,
affirmer des intentions, un parti pris dans la représentation de
soi.
Diversité des choix, techniques, des regards, des interprétations, à travers la représentation du corps.
Le rapport au réel : différents registres de représentation :
fidélité, affirmation d’une certaine distance au référent,
valeur expressive de l’écart.


Penser l’oeuvre, faire œuvre :
l’idée, la réalisation, le travail de l’oeuvre
Structurer une intention et un projet en vue de réaliser l’œuvre :
A travers vos notes et croquis sur le carnet de recherche, vous donnerez à voir le cheminement de votre pensée, de l’idée à la réalisation.


Un questionnement artistique transversal : l’artiste et la
société :
une approche qui va à contresens de la culture du selfie, du
monumental, de l’ostentatoire ,à l'ère
de l'hyper-connexion, de la surexposition, du
spectaculaire, du buzz...
Réalisez une production plastique qui donne sens à cette proposition.

Faites que votre portrait– choisi et unique en son genre – devienne l’élément le moins voyant, mais réellement présent et signifiant dans votre réalisation, puisqu’il s’agit d’un autoportrait !

Jouez de cette contradiction entre affirmation d’une identité singulière et discrétion dans votre proposition plastique bidimensionnelle.

Vous êtes libres et responsable du choix des moyens plastiques que vous mettrez en œuvre.

3 séances



La première séance sera dédiée à la découverte du sujet et à une phase de recherche active d'idées
Croquis, annotations, sur votre carnet de recherches.
Toutes les idées, même celles qui vous paraissent les plus saugrenues seront annotées. Cela vous permettra d’expliciter votre démarche, votre processus de création en fin de séquence.
Début de pratique.


Séance 2
Pratique.
En fin de séance, présentation de quelques projets inachevés.
Quelques œuvres de référence seront également visionnées.


Séance 3
Pratique
Exposition
Prise
de vues/ édition sur netboard
Présentation
orale.


Rédaction
et envoi de la note d’intention* pour la séance suivante.



Quelques pistes


Vous pouvez vous appuyer sur les définitions suivantes
Discrétion :
Caractère de ce qui n'attire pas l'attention, ne se fait pas remarquer, est de bon ton. Qualité consistant à garder les secrets.
Quelques synonymes : réserve, retenue, circonspection, tact, décence, délicatesse, sagesse, pudeur, mesure, sobriété, prudence, mystère, modération, bienséance, silence, secret, réticence, modestie, effacement..
Incognito : sans se faire reconnaître, sans révéler sa personnalité, pour échapper aux règles du protocole, pour affirmer sa liberté..
Autoportrait:
Portrait de soi-même. Dans les arts plastiques, comme tout portrait, un autoportrait peut être ressemblant et donner à voir l’aspect extérieur de l’auteur (son apparence visible) ou au contraire donner à voir des aspects de son intimité, de son esprit, de son affect, de sa mémoire, de ses goûts, de sa culture, etc. Alors, il ne « copie pas le visible, il rend visible » (citation de Klee définissant l’art en général, mais qui peut éclairer cette définition).


Questions à se poser

Quelles solutions plastiques (moyens et opérations) puis je envisager pour déjouer les codes de représentation de l’autoportrait, genre prônant l’affirmation de soi comme sujet principal ?
Comment puis je rendre visible plastiquement la contradiction entre ces deux termes, discrétion et affirmation de soi ?
Avec quelles opérations plastiques, quels moyens, et quel dispositif ?


Repères de compréhension et de réussite


Ma réalisation est elle en accord avec mon intention ? Ai je réussi à faire cohabiter ces notions contradictoires : affirmation de soi, et discrétion ?
Les opérations et moyens plastiques que j’ai choisis sont ils cohérents en fonction de ce que je voulais donner à voir ?
Sont ils maîtrisés ?
Ai je mené mon projet à terme, en réajustant si nécessaire ?


Evaluation
Expérimenter, produire, créer
Choisir, expérimenter et mobiliser des langages et des moyens plastiques en fonction d’une intention: Prise en compte du caractère paradoxal de la proposition (Affirmation/discrétion)
Mettre en œuvre un projet
Confronter idée et réalisation, rendre visible le cheminement de la démarche.
Exposer l’œuvre et la pratique
Dire et partager sa démarche et sa pratique, écouter, accepter les avis divers et contradictoires.
Pour le dernier point, il vous est demandé de préparer une courte note d’intention dans laquelle seront présents
-une analyse plastique de votre travail, en utilisant le vocabulaire approprié.
- une note d’intention(lier moyens, opérations et constituants plastiques, à l’effet que vous souhaitez produire sur le spectateur)
-de croiser une œuvre au choix parmi les références disponibles sur netboard


La Madonne au chanoine van der Paele Van Eyck, 1436, Groeninge Museum, Bruges
Du temps où le peintre commence à peine à revendiquer son individualité, l’artiste n’apparaît plus que comme une efflorescence fantomatique, un reflet sur des surfaces qui ne sont pas véritablement des miroirs : moins un autoportrait qu’une sorte de poinçon, un « watermark » quasi imperceptible attestant de sa virtuosité. Dans cette silhouette en turban rouge, qui lève le bras devant ce qui pourrait être un chevalet, on reconnait Van Eyck tenant son pinceau, tel qu’il apparaîtrait s’il se trouvait au centre en train de peindre le tableau

 
 
 
Jan van Eyck
Les époux Arnolfini
1434
Huile sur panneau de chêne
82 cm x 60 cm
National Gallery

Jan Van Eyck est un peintre flamand, qui évolue à Bruges principalement. Grâce à sa proximité avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon, il se fait très vite un nom et sa peinture sera très demandée. Il fait évoluer la technique picturale avec l’utilisation de la peinture à l’huile qui permet une précision dans les détails assez impressionnante, que l’on retrouve parfaitement dans l’œuvre des Epoux Arnolfini .Sur le mur du fond, un magnifique miroir convexe est accroché. Au-delà de l’aspect purement esthétique, ce miroir se présente comme l’élément principal du tableau. Il est temps de sortir la loupe : Si l’on regarde bien, le miroir est une œuvre dans l’œuvre. Il nous permet de voir « l’envers du décor ». On y voit les époux de dos, et deux autres personnes, vêtues de bleu et de rouge, qui font face au couple. Beaucoup d’hypothèses sur l’identité de ces deux personnes sont évoquées : un prêtre et son assistant, Van Eyck lui-même et son frêre Hubert, les témoins du mariage, des parents des époux etc.

 
Le miroir, élément important dans la peinture flamande permet aux artistes d’exprimer leur talent, en travaillant par exemple sur la mise en abime, sur la lumière, sur la minutie des détails, sur la perspective. Dans cet espace minime, l’artiste reproduit l’entièreté de la scène, du sol au plafond, confirmant sa place de peintre de génie. MAIS, Van Eyck n’a pas échappé à notre œil avisé de détective et quelques différences apparaissent. Avez-vous remarqué que le chien a disparu dans le miroir ? Et puis, notre couple ne se tient plus la main . Alors, simple erreur de l’artiste , ou message caché, le mystère reste encore entier.

 
« Johannes de Eyck fut hic, 1434 » Juste au-dessus du miroir figure une inscription. C’est en fait la signature de l’artiste qui signale sa présence ; « Jan Van Eyck fût ici, 1434 ». Outre le fait que cette inscription nous a permis de dater l’œuvre, elle est aussi signe de nouveauté dans la peinture de l’époque. Les artistes ne signaient habituellement pas leurs œuvres, surtout lorsqu’il s’agissait de peintures religieuses. Ici, le rôle et le talent du peintre est considéré grâce à la signature. Mais signer son œuvre de cette manière n’était tout de même pas courant . Habituellement, les peintres signaient plutôt pinxit afin de dire « Untel a peint ceci ». Ici, Van Eyck atteste sa présence à l’événement, et ajoute au mystère des personnages, puisque cela peut être pris comme un indice sur l’hypothèse qu’il soit le marié ou un simple témoin.
 
Même inspiration pieuse dans cet extraordinaire tableau d’un peintre actif en Estramadure vers la fin du XVème siècle, et dont nous ne connaissons pratiquement rien ….

 
… sinon son reflet minuscule dans le globe de cristal de l’archange.
 
Bacchus Caravage, 1597, Offices, Florence
On a redécouvert récemment un autoportrait de Caravage dans le reflet de la carafe de vin du Bacchus.
 
L’image en haute résolution ne suffit pas, il faut recourir à la réflectographie infrarouge pour déceler, sous la peinture noircie, la silhouette du peintre debout devant son chevalet, un pinceau à la main.