7 milliards d'êtres humains..et moi et moi et moi!



Proposition 1
Classe de terminale spe

Lien avec les programmes d'enseignement:
Représentation du corps: pluralité des approches et parti pris artistiques
Diversité des choix, techniques, des regards, des interprétations, à travers la représentation du corps: individuel/collectif.

La présentation de l'oeuvre
Conditions et modalités de la présentation du travail artistique: éléments constitutifs: supports, matériaux, formats: unique/multiple: en quoi un dispositif de présentation peut il faire sens?


C’est à partir de cette affirmation que vous réaliserez votre autoportrait.
Le choix du dispositif de monstration, du ou des supports de représentation seront déterminants.
Vous mettrez en évidence le caractère paradoxal de cette affirmation, entre singularité (vous êtes unique, montrez le!) et pluralité du genre humain: à la fois similaires et différents.
Vous êtes libres et responsables du choix des moyens plastiques que vous mettrez en œuvre :
Photographie, peinture, dessin, vidéo, techniques mixtes..
Image unique ou polyptique..

3 séances
La première séance sera dédiée à la découverte du sujet et à une phase de recherche active d'idées
Croquis, annotations, sur votre carnet de recherches. Toutes les idées, même celles qui vous paraissent les plus saugrenues seront annotées. Cela vous permettra d’expliciter votre démarche, votre processus de création en fin de séquence.
Quelques pistes :
Vous pouvez vous appuyer sur les définitions et synonymes suivants, pour élaborer votre projet :
Unique :
Qui est un seul, sans aucun autre du même genre. Qui est le seul de son espèce ou qui, dans son espèce, se distingue des autres par certains traits. Dont on ne peut trouver d'autres exemples, qu'on ne peut reproduire.
Quelques synonymes : Extraordinaire, incomparable, singulier, original, exceptionnel, seul, rare, isolé, exclusif, d’exception, constant, identique, précieux...
Commun :
Qui appartient à un grand nombre ou à une majorité de personnes ou de choses. Qui est partagé avec d'autres, qui convient à plusieurs êtres ou choses formant un genre, une espèce. Qui est
propre ou incombe à un ensemble donné. Le plus grand nombre, la généralité.
Quelques synonymes : Multiple, banal, ordinaire, général, partagé, public, collectif, semblable…
Questions à se poser :
Quels traits de ma personnalité vais je donner à voir dans mon autoportrait?
Comment vais je faire dialoguer dans la même réalisation un autoportrait, singulier par définition, à une vision plus globale de l’humanité ?
Avec quelles opérations plastiques, quels moyens, et quel dispositif ?
En quoi les constituants plastiques d’une œuvre participent-ils à l’expression d’une idée ?


Repères de compréhension et de réussite
Ma réalisation est elle en accord avec mon intention ? Mon autoportrait est il à la fois révélateur de ma personnalité, unique, et de ce que je partage avec les autres ?
Les opérations et moyens plastiques que j’ai mis en œuvre sont elles cohérents en fonction de ce que je voulais donner à voir ?
Le dispositif de monstration est il porteur de sens?
Les moyens plastiques choisis sont ils adaptés à mon projet et maîtrisés ?
Ai je mené mon projet à terme, en réajustant si nécessaire ?


Evaluation


Expérimenter, produire, créer
Choisir, expérimenter et mobiliser des langages et des moyens plastiques en fonction d’une intention: Prise en compte du caractère paradoxal de la proposition
(Singulier/pluriel)
Mettre en œuvre un projet
Confronter idée et réalisation, ajuster si besoin
Exposer l’œuvre et la pratique
Envisager les conditions de réception et de présentation dans sa démarche dès la conception.
Dire et partager sa démarche et sa pratique, écouter, accepter les avis divers et contradictoires.
Barbara Kruger:
Thinking of You. I Mean Me. I Mean You. Installation
2022
Dans cette installation réalisée par Barbara Kruger en 2022, le dispositif va inclure le spectateur dans un espace très contrasté, composé de textes percutants (le texte au sol est une citation directe du livre de Georges Orwell, 1984, à vous de la retrouver) à la typographie très lisible et calibrée, à l'instar des messages publicitaires dont elle s'inspire dans son travail.
L'accumulation, la lumière, le contraste, l'absence de couleur contribuent à créer un effet très particulier, que l'on peut qualifier d'oppressant. Le mot YOU en fond de salle, occupant la quasi totalité du mur, permet peut être de distinguer l'individu de la multitude (c'est en cela que cette œuvre peut être mise en lien avec la demande), tout en l'incluant dans la masse: la typographie, le contraste noir et blanc sont les mêmes. Le spectateur est à la fois désigné, apostrophé et physiquement, réellement inclus dans l'espace. Isolé et associé.


 
JR, 28 Millimètres, Face2Face, Separation Wall Security Fence Israeli Side, Abu Dis, Jerusalem, 2007
Pour le photographe JR, et son complice Marco, Israéliens et Palestiniens sont comme des jumeaux élevés dans des familles différentes. Ils ont donc demandé à 41 d’entre eux de grimacer devant leur objectif, avant de placarder leurs portraits dans des formats gigantesques, de part et d’autre du mur de séparation en 2007. Une approche originale et optimiste de la situation au Proche-Orient.
Le choix du lieu fait évidemment sens dans cette démarche, tout comme celui du cadrage, de la pose, qui pourrait évoquer la photographie d'identité réalisée dans des cabines (JR a mis au point une cabine itinérante permettant de tirer de grandes affiches) la photo d'identité est une image qui contient ce paradoxe, entre individualité et collectivité: elle désigne notre identité certes mais quoi de plus commun qu'une photo d'identité?

 
Franco Vaccari est artiste italien pluridisciplinaire. Photographe mais aussi poète et cinéaste. Invité à exposer à la Biennale de Venise en 1972 sur le thème « Œuvre ou comportement », Franco Vaccari déplace au sein du Pavillon italien, une cabine automatique de photographie dite usuellement Photomaton et incite les visiteurs, dans une salle vide et aux murs blancs, à participer à son installation. Guidé par une phrase traduite en plusieurs langues : « LAISSE SUR CES MURS UN TÉMOIGNAGE PHOTOGRAPHIQUE DE TON PASSAGE », le visiteur devient le déclencheur d’un processus englobant l’action et la réflexion du spectateur que l’artiste ne contrôle pas. C’est en ce sens que Vaccari décrit lui-même le résultat de ce travail comme se faisant en « temps réel ». Exposition en temps réel n°4, produite à l’occasion de la Biennale, redéfinit les notions de privé et public. L’espace public de l’exposition contient ainsi, un dispositif public : la cabine photographique ; qui contient en elle-même un espace intime, privé. Le dispositif de la cabine photographique, arrivé dans les années 1920 aux États-Unis et en Europe ne laisse pas Vaccari indifférent et c’est en s’y intéressant que l’artiste aime à questionner les outils de surveillance ainsi que l’intrusion des nouveaux médias dans notre quotidien. Les photographies d’identité auparavant réservées à l’identification de criminels et autres individus jugés anormaux, se voient désormais utilisées pour témoigner de l’identité de n’importe quel individu et participer à la constitution de banques de données renseignant les fichages nationaux, aujourd’hui banalisés. L’œuvre de l’artiste ne dépend plus alors de la main de l’artiste et de sa capacité à décider de la caractérisation esthétique d’un objet, mais de la mise en place d’un système qui permet au spectateur de réfléchir autour du médium. L’espace de cette exposition met en scène l’identité sociale, ethnique, sexuelle, communautaire du visiteur mais interroge également le système de l’identification légale délivrant usuellement la photographie d’identité. Vaccari déplace un objet de la vie quotidienne destiné à la production d’images à bas coût pour l’y introduire dans l’espace prestigieux d’une exposition et proposer au visiteur d’interagir et de se réapproprier son image de manière ludique afin de créer une œuvre collective.
 
Green Coca-Cola Bottles , 209,55 x 144,78 cm, peinture à l’huile, 1962.

“ What’s great about this country is that America started the tradition where the richest consumers buy essentially the same things as the poorest. You can be watching TV and see Coca-Cola, and you can know that the President drinks Cokes, Liz Taylor drinks Cokes, and just think, you can drink Coke, too. A Coke is a Coke and no amount of money can get you a better Coke than the one the bum on the corner is drinking. All the Cokes are the same and all the Cokes are good. Liz Taylor knows it, the President knows it, the bum knows it, and you know it. ” Andy Warhol
Andy Warhol utilise la sérigraphie. Il joue avec les apparences en créant la confusion entre peinture et affiche, entre art traditionnel et publicité sans jamais basculer ni dans l’un ni dans l’autre, mais au contraire en créant une tension, un aller-retour entre les deux. Cependant la manière de représenter l’objet évoque la précision et la neutralité de la photographie. L’artiste reprend un seul sujet sur toute sa toile, une bouteille de Coca-Cola en verre. Des bouteilles identiques, pleines, vides, plus ou moins remplies et bien rangées comme sur les rayons d’un supermarché, couvrent la surface du tableau dans son intégralité. Bien que la sérigraphie permette des impressions identiques, Andy Warhol différencie chaque exemplaire en variant l’impression, les recouvrements de couleurs, l’alignement et en additionnant les imperfections. Il s’agit d’une toile figurative, mais sa facture n’a rien d’une œuvre d’art classique. La mise en scène du tableau évoque les techniques publicitaires qu’Andy Warhol connaissait bien (ndlr. il a été dessinateur publicitaire pour les magazines Glamour, Vogue, Harper’s Bazaar). Son originalité est d’introduire le langage de la publicité dans une œuvre qui, par son format et parce qu’elle est exposée dans un musée, s’affiche comme une œuvre d’art majeur. Cette œuvre peinte en 1962 est aujourd’hui exposée au Whitney Museum of American Art à New York. Andy Warhol donne l’impression de chercher ici à reproduire, le plus fidèlement possible et à l’échelle, un objet : la bouteille en verre de Coca-Cola. C’est un tableau qui représente une réalité froide, anonyme, monotone du fait de la répétition. Le sujet n’est pas unique ; il est démultiplié et perd de sa singularité et de son originalité. On pourrait donc croire, au premier abord, que l’artiste disparaît derrière une représentation quasi industrielle d’un objet. Il n’est plus artiste, mais technicien (« Si je peins de cette façon, c’est parce que je veux être une machine. » A.W.). Cependant l’objet choisi devient paradoxalement une icône. L’œuvre fait réfléchir le spectateur sur sa consommation et la société qui l’entoure. Dans son apparente neutralité, elle peut donc apparaître soit comme une critique, soit comme une glorification de la société de consommation. (source Wikipédia)
 
Violet d'Égypte Gérard Fromanger (1939-2021) huile sur toile 1.5 m x 2 m Paris, musée d'Art Moderne Gérard Fromanger est un artiste français qui au tournant des années 70, réintroduit la figuration dans la peinture . En remettant au gout du jour la figuration comme moyen d'interroger le monde et la société de leur temps, les artistes issus du nouveau réalisme, du pop art et de la figuration narrative vont créer une rupture avec l'abstraction, perçue alors comme l'aboutissement de l'art. On ne peut plus faire de l'art en faisant abstraction du monde. Fromanger travaille à l'acrylique, un medium moderne qui permet d'obtenir des aplats lisses, opaques, brillants, avec un temps de séchage très rapide. Il intervient sur des images qui existent déjà et transforme une réalité par le bais du traitement pictural. Il utilise le rétroprojecteur pour agrandir les photographies qu'il reprend et transforme en peinture.